mercredi 7 février 2007

démonstration "en live" de langue de bœuf…



Olivier Morin ou la politique du vide


Fin juillet, l’ambiance caniculaire n’aidait pas forcément à prêter attention aux publicités qui encombrent nos boîtes aux
lettres. Cependant, l’électeur vigilant de Meaux Nord aura remarqué qu’un des fascicules était également, entre moultes pages publicitaires, la première Lettre de son conseiller général élu en… 2004 (20 pages sur papier glacé, très chic, dont 11 sont réservées à la publicité) ;
S’il a eu la curiosité d’y jeter un coup d’œil, il aura pu apprendre entre les mérites de telle pizzeria et ceux des chaudières à gaz F… ce que fait M. Morin depuis deux ans au Département.
On découvre ainsi qu’il préside une CLILE de l’UAS de Meaux à laquelle participe le Cezam. Bigre ! Voilà qui doit être important ! Et à quoi sert cet organisme ? À faire des propositions dont on ne saura rien si ce n’est qu’un certain nombre a été repris dans un plan ! Diantre !
L’activité de M. Morin ne s’arrête pas là. Il a créé un Conseil cantonal qui - bien que dépourvu d’existence légale comme de tout-pouvoir - se veut être la boîte à idées du Département, rien de moins. Par manque de place certainement, aucune de ces belles idées n’était présentée. L’édition n°2 de la Lettre ne manquera pas de nous en faire part dans deux ans…
Pour le reste, on saura tout sur le directeur de la publication, Olivier Morin lui-même, faisant l’éloge de son action comme adjoint à la Ville de Meaux : son implication en faveur de la déviation de la ville qui n’aurait pas vu le jour sans lui et son indéfectible engagement en faveur du brie et de la moutarde. Au milieu de cette expression du vide politique, on remarque à peine un article incongru faisant la promotion d’une société de lobbying, Media Miehl. Après s’être demandé quel était le rapport avec le conseiller général, on apprend en page 2 que cette même société est l’éditeur et le
publicitaire de la Lettre.
La pratique du lobbying consistant à influencer les pouvoirs publics dans le sens d’intérêts privés, tout s’éclaire ; le journal n’avait pour but que de démontrer la capacité d’influence de Média Miehl en manipulant un conseiller général de base.
Il nous renseigne également, comme en négatif, sur la capacité à être influencé de M. Morin.
Samuel Beck.

"Promis, j’arrête la langue de bœuf"



Vous ne supportez plus de lire Gala dans vos toilettes ! Vous avez toujours le chic de choisir les mauvais livres ! Vous vous dites qu’il vaut mieux connaître l’adversaire que l’ignorer ! Le livre : "C’est promis, j’arrête la langue de bois" est fait pour vous, mais il vous en coûtera…
Langue de bois… « Maladie que l’on rencontre chez les bovidés. La langue augmente de volume ; elle est dure et présente sur les côtés des petits nodules tuberculiformes. L’évolution est assez rapide et l’animal meurt généralement d’inanition » (Larousse, édition 1931).
"C’est promis, j’arrête la… langue de bois"… telle était semblerait-il la volonté affichée de Jean-François Copé lorsqu’il a fait paraître son livre en avril 2006. Mais plus à propos eut été le titre "Le livre de ma Vie", car si JFC nous y rappelle quelques beaux exemples de la langue qu’il utilise et donne les raisons de son utilisation (la langue de bois étant selon lui « parfois inévitable »), il ne révèle ni les remèdes pour soigner les vaches, ni les mots qu’il aurait dû employer pour répondre sans fard aux questions qui lui étaient posées… On n’y apprend donc rien sur la langue de bois et son contraire.

Déjà tout petit…
Par contre, on y lit (à voix haute pour ne pas perdre le fil…) que JFC tout petit déjà avait choisi de consacrer sa vie à la politique ; qu’il persiste et signe malgré les sacrifices, notamment familiaux auxquels il doit consentir ; qu’il n’a pas d’ami en politique ; que la politique remplit complètement sa vie, sept jours sur sept et exige « une grande capacité de générosité et d’amour » (qui l’eut cru et qui le croira ?) ; qu’il est né un 2 mai et qu’il n’a pas l’intention de briguer plus de trois mandats à notre Mairie car « après trois mandats, on a raisonnablement donné ».
J’ai lu aussi que Thierry (Breton) a eu une vie avant "la" vie (la politique serait-elle la seule vie qui vaille la peine d’être vécue ?) et qu’il est fair-play ; que Renaud (Donnedieu de Vabres) est habile (voire fourbe) ; que Gilles (de Robien) prend des bonnes décisions (supprimer la méthode globale, quelle révolution !) ; que Dominique (de Villepin) est très chaleureux comme toujours avec lui et que Sarkozy n’est pas appelé Nicolas.

J’ai lu encore qu’un secrétaire d’État gagne 10 000 € nets par mois, un ministre délégué 12 000 € et « un ministre plein environ 14 000 ». Mais il n’a pas été répondu à la question : « Que gagne un ministre vide, à moitié vide ou à moitié plein ? »
J’ai lu enfin que l’enregistrement de quarante secondes pour le journal télé est « l’un des exercices les plus difficiles », l’interview du matin en huit minutes est « un exercice non moins périlleux » et que le face-à-face avec des journalistes ou d’autres hommes politiques est « un exercice différent mais aussi délicat ». Tout en étant différents, ces « trois formats médiatiques » sont identiques…

N’est-ce pas là une fois de plus parler pour ne rien dire et répondre à l’une des définitions de la langue de bois ?
« Langage figé, notamment de la propagande politique, sans prise sur la réalité ».
Maud Silberberg.